Celui qui naît à Zermatt, reçoit l'amour de la montagne au berceau. Dès l'âge de huit ans, Anjan Truffer commence à pratiquer l’escalade; à 13 ans déjà, il gravit le Cervin pour la première fois. Depuis, le valaisan, né en 1974, a vaincu d'innombrables sommets dans les Alpes, les Andes, l'Himalaya et au Canada - seul ou en tant que guide de montagne certifié accompagnant des clients. En hiver, il grimpe rarement, mais pratique d’autant plus le ski.
Le prof de ski et de snowboard travaille comme guide héliski et manager adjoint au lodge de Valemount chez Canadian Mountain Holidays (CMH). Dans cette interview, le guide marié à une Suissesse et père de deux enfants, nous révèle ce qui est si fascinant avec l’héliski et à quel point la sécurité est la priorité absolue.
Partout dans le monde, il existe des milliers d’endroits pour pratiquer le freeride. Qu’est-ce qui rend le Canada si spécial à vos yeux?
Les énormes chaînes de montagnes, l'immensité des forêts avec leurs cèdres géants qui semblent avoir été plantés spécialement pour le ski, les chutes de neige régulières et la qualité unique de la neige font du Canada une des meilleures destinations à travers le monde. Même si j'ai chaque année la possibilité de glisser sur des pentes recouvertes de neige fraîche aux quatre coins du monde, ce pays reste mon préféré. Après plus de 15 ans passés dans la poudreuse de la Colombie-Britannique (BC), je suis toujours aussi fasciné par le Canada.
Est-ce aussi l’héliski, inventé en BC par le fondateur de CMH Hans Gmoser, qui rend le Canada si unique pour vous?
Absolument! Lorsque le ciel est bleu, le vol quotidien pour la région dans laquelle nous allons skier est déjà un moment fort. Les montagnes, glaciers et pentes vierges à perte de vue font déjà battre plus vite le coeur de n’importe quel freerider. Grâce aux possibilités d’atterrissage illimitées et aux vastes zones inhabitées de la région, on est bien loin de tous les autres touristes ou opérateurs d’héliski. Glisser seul à travers ces pentes sans fin et sans aucune trace est un sentiment indescriptible.
Aujourd’hui, d’autres lieux dans le monde proposent le ski héliporté. Pourquoi restez-vous fidèle à l'original?
C’est clair, il est maintenant possible de pratiquer le ski héliporté ailleurs dans le monde. Et c’est certainement très bien – mais la qualité n’est nulle part ailleurs meilleure que chez nous au Canada! Par rapport à d'autres régions connues pour l’héliski, la Colombie-Britannique jouit de quelques grands avantages. Je pense par exemple aux uniques descentes dans les arbres. L’expérience de ski de forêt est absolument extraordinaire, surtout pour les Européens, qui le pratiquent rarement dans les Alpes. Le ski en forêt nous donne l’opportunité de skier aussi par mauvais temps. Lorsque les pilotes d'hélicoptères ne peuvent pas voler dans les zones de haute montagne à cause du brouillard, des nuages ou des vents forts, ils choisissent les runs dans la forêt. Là, ils ont toujours de bons points de référence.
Les hôtes des lodges apprécient-ils aussi les descentes dans les arbres?
Et comment! Les grands arbres résistent au vent et aux intempéries tout en protégeant la neige. La neige au Canada est sèche et poudreuse et elle est encore de meilleure qualité dans la forêt. Elle y reste poudreuse encore pendant plusieurs jours après les dernières chutes de neige.
Le ski en forêt n’est-il pas réservé aux professionnels?
Non, pas du tout! Bien évidemment, il faut un peu de temps pour s’adapter. Dans les Alpes, on a rarement l'occasion d’en faire et donc on n’a pas l’habitude, mais nos hôtes s’en sortent très bien.
Certains n’osent pas se rendre au Canada, non seulement à cause des descentes en forêt, mais aussi à cause de la neige profonde. Quel niveau doit-on avoir pour l'héliski?
Ceux qui savent faire face aux pistes noires d’une station de ski normale, peuvent sans autre faire de l’héliski. Il est utile d’avoir un peu d’expérience sur terrain non-damé. A ceux qui pratiquent l'héliski pour la première fois et manquent un peu de confiance, je recommande nos semaines Powder-Intro. Les débutants y sont parfaitement encadrés dans l'aventure de l’héliski. Par ailleurs, la condition physique est presque plus importante que la technique de ski. Ceux qui font du sport régulièrement ne doivent pas s’inquiéter. Enfin, vous n'avez pas l’obligation de passer toute la journée à l'extérieur. Lorsque l'hélicoptère va faire le plein de carburant, on peut vous ramener au lodge.
Beaucoup s'inquiètent aussi de la sécurité. L’héliski est-il dangereux?
Pas du tout! Dans toutes les activités liées à la montagne, il y a toujours un pourcentage de risque, mais nous sommes bien entraînés et toujours très concentrés pour tenir ce pourcentage aussi bas que possible. Au Canada, tous nos guides d'héliski sont des guides de montagne certifiés avec des années
d'expérience. Nos pilotes sont des spécialistes absolus. Bien sûr, nous travaillons avec tous les équipements de sécurité nécessaires. Nous suivons des formations annuelles continues et nous entraînons également avec nos clients sur le comportement à adopter autour de l'hélicoptère, en cas d'avalanche
ou de situation d'urgence avant de décoller pour la première fois. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que l'héliski soit un pur plaisir. La sécurité est toujours la priorité!
Avec quel équipement d'urgence équipez-vous vos hôtes?
Chacun est équipé d’un détecteur de victimes d’avalanches (DVA) avec lequel nous pouvons le localiser, en plus d’une pelle et d’une sonde. En outre, chaque client reçoit un dispositif radio qui augmente encore la sécurité. Depuis la saison 2015/16, il est également possible de louer des sacs à dos airbag d’avalanche Mammut dans tous les lodges CMH. Le coût de sa location est d'environ CAD 35 par jour ou CAD 245 par semaine. Ceux qui possèdent leur propre sac airbag sans bouteille de gaz, peuvent louer le cylindre avec le déclencheur pour environ CAD 15 par jour ou CAD 105 par semaine.
Sécurité d'abord, paysages de rêve, neige magnifique, opérateur de ski héliporté de première classe et des gens détendus, où est le piège?
Il n'y en a qu'un seul: la dépendance! Toute personne qui a testé l'héliski au Canada, veut forcément y retourner. C’est tout simplement une expérience inoubliable pour tous les accros de poudreuse.